" C'était en avril 1990, le matin d'un printemps timide, sur la façade atlantique de la Floride. Un fracas assourdissant s'éleva soudain d'une vaste structure de métal et de béton, et dans la furie de cette explosion contrôlée, la navette spatiale Discovery quittait la surface de la Terre. Lové dans sa soute, un télescope prenait son élan pour une ronde inlassable à six-cents kilomètres d'altitude. Là, hors de l'atmosphère, l'obscurité de la nuit possède une épaisseur et une tranquillité parfaites, inconnues des observatoires établis au sol. Il n'y a plus de conditions favorables à chercher ni attendre, un instrument d'optique comme le Télescope Spatial Hubble ne trouve de limite qu'en lui-même. Plus de trente ans durant, les miroirs de Hubble ont reflété une large variété de scènes dans l'Univers proche et lointain : les sables martiens soulevés en tempêtes, le velours des poussières interstellaires nimbées par la lueur fluorescente des nébuleuses, la forme torturée de jeunes galaxies semblant s'entre-dévorer pour grandir. Ces trois décennies de contemplation n'ont pas été une longue dérive solitaire dans le vide. À cinq reprises, des navettes spatiales, aménagées en ateliers techniques volants, se sont élancées à la rencontre de l'observatoire satellisé, pour ouvrir autant de nouveaux chapitres dans la carrière d’un instrument qui compte aujourd’hui parmi les plus célèbres. "
Le télescope Spatial Hubble. © NASA
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