Une
petite histoire de la lunette astronomique
L'invention de la lunette astronomique est probablement due à un artisan opticien hollandais, Hans Lippershey (1570-1619), et non à Galilée comme beaucoup peuvent le croire.
Au cours des XVII et XVIIIème siècles fleurissent en Europe les " longues lunettes à faire peur aux gens ". Elles sont au début le résultat d'un bricolage empirique, et sont imparfaites. Pourtant dès la moitié du XVIIème siècle, les opticiens s'attachent à trouver de nouvelles formules optiques et à offrir à l'observateur des images...moins floues. Car avec son petit diamètre et ses nombreuses aberrations optiques, la lunette de Galilée ne lui permit pas de découvrir les anneaux de Saturne, ni de dépasser la 9ème magnitude ou encore de résoudre des objets séparés de moins de 10 secondes d'arc. La tare majeure de ces instruments est l'aberration chromatique : plusieurs images d'un même astre se forment à une distance différente les unes des autres, et ce en fonction de la couleur.
Au cours du temps, c'est la formule optique mise au point par Kepler (1571-1630) qui va être adoptée : basée sur deux lentille convexes (objectif et oculaire), les lunettes atteignent bientôt des longueurs démesurées : c'est qu'en diminuant la courbure des lentilles - et donc en allongeant la focale - les aberrations chromatiques diminuent et que donc de meilleures images sont obtenues. Les lunettes construites à partir du XVIIIème siècle deviennent gigantesques. Tubes de bambou, portiques de bois, câbles et cordage : tout y passe pour créer des assemblages que plusieurs assistants manuvrent sous les ordres de l'observateur.
150 ans après la première observation de Galilée, une solution au problème de l'aberration chromatique est enfin apportée. L'opticien anglais Dollond (1706-1761) associe dans un même objectif deux lentilles, une convexe et l'autre concave, polies dans des verres d'indices de réfraction différents : le chromatisme est ainsi fortement réduit, sans être totalement éliminé. Les
lunettes achromatiques de la fin du XVIIIème sont surtout des
méridiennes : elles ont dirigées selon l'axe nord-sud
et peuvent seulement être orientées dans le plan vertical.
Elles permettent aux astronomes de dresser des cartes du ciel de plus
en plus précises : Flamsteed (1646-1719), fondateur de l'observatoire
de Greenwich, publie un atlas de 2866 étoiles (mesurées
à 10 secondes d'arc près) ; celui de Lalande en dénombre
plus de 47000. Dans ce gigantesque effort de cartographie céleste,
les astronomes se rendent compte que les étoiles ne sont pas
fixes, mais qu'elles ont un mouvement propre.
Les lunettes pour les grands observatoires n'ont cependant plus d'avenir : la spectroscopie et la photographie exigent des instruments plus lumineux et il est impossible de couler, polir et soutenir des lentilles au bout de tubes de 20 m de long. Les télescopes à miroir, plus compacts et plus facile à réaliser (une seule surface à polir) vont l'emporter. Les astronomes aussi délaissent planètes et étoiles pour se tourner vers les objets moins lumineux, ces objets pâles et flous qu'on nomme alors du terme générique les " nébuleuses " et pour lesquels il faut des instruments de grand diamètre. Ce sont ces derniers qui révéleront la véritable nature de ces objets. Délaissées par les grands observatoires, les lunettes ont encore de beaux jours devant elles parmi les astronomes amateurs, tant pour les lunettes achromatiques que pour les apochromatiques (celles pour lesquelles l'aberration chromatique est quasi éliminée par l'emploi d'une optique complexe et des lentilles spéciales, mais moyennant un coût élevé). C'est que ces instruments procurent en général des images piquées, bien contrastées et supérieures à un télescope à miroir de même diamètre, avec une remarquable finesse d'image après une mise à température rapide. En particulier, les lunettes apochromatiques sont maniables, légères, de taille modeste et faciles à transporter. Leur domaine de prédilection reste les planètes et étoiles doubles ou encore les images photo ou CCD en raison de leur grand champ. Retour à la page Astronomie |